5 octobre, 2023

L’accessibilité des sentiers et son impact significatif dans la vie des personnes : une conversation avec Lisa Franks

Lisa Frank riding an adaptive mountain bike

Depuis plusieurs années, Sentier Transcanadien travaille avec des cartographes de l’accessibilité à travers le Canada pour partager de l’information et améliorer l’accès au Sentier, en collaborant avec les usagers de sentiers ayant divers handicaps pour recueillir des renseignements et les diffuser par l’entremise de la technologie AccessNow. Les usagers des sentiers de 54 communautés de tous les provinces et territoires peuvent désormais obtenir des renseignements sur l’accessibilité.

Nous souhaitions également savoir comment la cartographie de l’accessibilité informait les expériences et les routines d’entraînement en préparation pour une course ou un autre défi. Ci-dessous, Lisa Franks, ancienne paralympienne, cartographe de l’accessibilité et usagère fréquente du Sentier, nous partage ses réflexions sur comment la cartographie de l’accessibilité a un impact sur les athlètes et tous les usagers et usagères du Sentier.

Un endroit sécuritaire pour rouler sur le sentier Meewasin… et ailleurs

Lisa Franks en vélo de montagne adapté

Après s’être procuré un vélo à main en 2017, Lisa est devenue une usagère fréquente du Sentier. « En raison du vélo à main qui est bas par rapport au sol et qui n’est pas très visible, je ne me sens pas en sécurité lorsque je roule sur la route. » Je suis reconnaissante que le tronçon du Sentier Transcanadien le plus proche se trouve à seulement trois rues de ma maison. Aussi, il y a même une piste cyclable protégée directement de ma maison jusqu’au Sentier. Je ne me serais probablement pas impliquée à ce point dans le vélo à main si je n’avais pas eu d’endroit sécuritaire pour rouler aussi proche et facile d’accès. Le fait d’avoir à transporter mon vélo à main en voiture à un autre lieu requiert beaucoup de planification et d’effort, alors ma passion pour le vélo n’aurait pas grandi autant si un endroit idéal pour le vélo n’avait pas été facilement accessible pour moi. Si je suis en ville, je pédale deux à quatre fois par semaine sur le sentier Meewasin », dit-elle. Lisa vit à Saskatoon, mais elle se déplace dans d’autres parties de l’ouest du Canada : elle vit dans un campeur à temps plein et voyage fréquemment, alors son lieu d’entraînement change presque quotidiennement.

Des Jeux paralympiques au vélo à main et au vélo de montagne adapté

Lisa Franks est une athlète accomplie et compétitrice : elle a participé à la course en fauteuil roulant pour l’équipe du Canada de 1998 à 2005 sur la piste ainsi que sur les courses sur route. À ce moment, elle a voyagé partout dans le monde et a gagné au total six médailles d’or et une médaille d’argent aux Jeux paralympiques de 2000 et 2004. Après qu’une blessure à l’épaule ait mis fin à la course compétitive, et suite à une réhabilitation extensive pour son épaule, elle s’est initiée au vélo à main et au vélo de montagne adapté en 2017. Depuis, elle a compétitionné au Queen City Marathon, à Régina, trois fois, en plus des courses de vélo de montagne Sea Otter Classic en Californie.

Cartographie de l’accessibilité pour les athlètes, et les usagers et usagères de sentiers

Lisa Franks

« J’ai vraiment aimé l’expérience [de la cartographie de l’accessibilité] », dit Lisa. « À deux occasions, j’ai été rejointe par une personne qui avait eu un rôle actif dans la conception et l’entretien des sentiers sur lesquelles nous étions. C’était incroyablement informatif d’entendre pourquoi ils avaient fait certaines choses de la manière qu’elles étaient, et c’était enrichissant de savoir que les choses positives et négatives que nous rencontrions allaient être véritablement prises en considération. C’est également un grand bonus de savoir que l’information recueillie est publique et qu’elle peut aider les autres à savoir si un sentier répondra à leurs besoins. »

En cartographiant l’accessibilité, Lisa dit qu’elle a élargi ses horizons : elle n’a pas seulement pensé aux sentiers à partir de son point de vue en tant qu’athlète de longue date à la recherche d’un défi, mais a également pris en compte les besoins et les intérêts des autres usagers et usagères. « Être une athlète m’a vraiment forcé à regarder la cartographie sous un autre angle. Je suis relativement forte pour une utilisatrice d’un fauteuil roulant et je veux parfois avoir un défi sur le sentier. J’adore faire une longue sortie en fauteuil roulant ou à vélo et ça ne me dérange pas si c’est un peu difficile. Lorsque je cartographiais, j’ai vraiment essayé de garder à l’esprit les personnes avec d’autres capacités. J’ai tenté de visualiser comment une personne avec un fauteuil roulant électrique ou une personne avec un handicap visuel pourrait naviguer sur le sentier, » dit-elle. Elle continue : « J’ai essayé d’atténuer ma “mentalité d’athlète” et de voir comment le sentier pourrait convenir à quelqu’un qui voulait simplement se promener tranquillement. Ce fut une révélation de ralentir et de voir les sentiers d’un point de vue différent. »

L’impact de l’information fiable sur la fréquentation des sentiers

Lisa Franks on an adaptive mountain bike on Wascana Creek Trail bridge

« Avant la cartographie des sentiers, je n’ai jamais vraiment su où trouver de l’information fiable sur les sentiers qui pouvait convenir pour moi. Je m’en tenais aux quelques sentiers que je connaissais, mais j’avais peur de m’aventurer plus loin. Apprendre à propos de l’information disponible sur la cartographie des sentiers et de Sentier Transcanadien en général m’a donné plus de ressources sur les endroits où chercher des sentiers. Lorsque je me retrouve dans une nouvelle région, la première chose que je fais, c’est regarder pour voir s’il y a un tronçon du Sentier près de moi. Je suis devenue beaucoup plus aventurière et encline à essayer de nouveaux sentiers sur mes vélos ou mon fauteuil roulant, » exprime Lisa.

Une ressource essentielle pour l’accessibilité en plein air

« Lorsque vous avez un handicap, l’information est la clé si vous planifiez une sortie. Même quelque chose d’aussi simple que de sortir à un restaurant peut se transformer en une expérience négative s’il s’avère inaccessible, » dit Lisa. Avant d’aller où que ce soit, elle vérifie sur Google maps pour voir si l’immeuble a des escaliers ou d’autres barrières aux personnes ayant un fauteuil roulant.

Les renseignements sur l’accessibilité pour le plein air « sont tellement plus difficiles à obtenir, » dit-elle. « L’information fournie par la cartographie de l’accessibilité est une ressource essentielle : une personne peut regarder des photos de la cartographie du sentier et décider pour elle-même si un sentier lui conviendra ou non. Le monde de mes rêves impliquerait d’avoir des photos et de l’information à propos de la largeur du sentier, la pente, les points d’accroche, etc., pour chaque sentier existant. Nous avons un long chemin à faire. »

Pour ceux et celles qui s’entraînent pour une course ou un autre événement athlétique, l’accès aux sentiers cartographiés pour l’accessibilité peut les aider à décider où s’entraîner le long du Sentier et être plus conscient·e·s des tronçons du Sentier qui conviennent à leurs objectifs d’entraînement.

L’avenir du Sentier et les raisons pour lesquelles il devrait être célébré, selon Lisa Franks

Lisa Franks

Tronçon préféré du Sentier : « Mon tronçon préféré du Sentier Transcanadien est à Whistler, en Colombie-Britannique, et fait partie du sentier Sea to Sky. C’était le premier sentier que je parcourais qui était incroyablement lisse pour mon vélo de montagne sans suspension. À un certain point, le sentier débouche sur un magnifique panorama qui surplombe le lac Green, avec un paysage de montagnes en arrière-plan. En tant qu’utilisatrice de fauteuil roulant, il y a un temps où je n’aurais jamais cru pouvoir accéder à des vues comme celle-là, mais avec les récents développements en vélo de montagne adapté et le travail sur l’accessibilité entrepris par Sentier Transcanadien, c’est tout à fait réalisable. »

À propos de l’utilisation du Sentier dans la vie quotidienne : « J’utilise principalement le Sentier pour le loisir. La beauté du Sentier Transcanadien est sa diversité. Parfois, je vais me promener en fauteuil roulant avec un·e ami·e et je fais de l’exercice. Parfois, j’utilise mon vélo de route pour du cardio. Parfois, j’utilise mon vélo de montagne pour me plonger dans la nature et pour admirer de magnifiques panoramas. Je fréquente souvent le Sentier seule, surtout lorsque je voyage entre destinations. Mon usage du Sentier Transcanadien est aussi diversifié que le Sentier en soi et les personnes auxquelles il est destiné. »

À propos de ce qui résonne le plus du travail, du mandat et des espoirs pour l’avenir de Sentier Transcanadien : « J’aimerais beaucoup voir encore plus de travail investi à rendre les sentiers “accidentés” accessibles. L’amélioration des vélos de montagne adaptés a ouvert un tout nouveau monde et l’équipement et l’infrastructure des sentiers doivent travailler en unité. C’est merveilleux de voir les personnes qui nécessitent des appareils de mobilité quitter le trottoir et plonger dans la nature. Un sentier que j’ai cartographié a été construit spécifiquement pour les vélos de montagne adaptés, mais il n’a pas été bien entretenu au fil des années et n’était plus accessible. Sentier Transcanadien a réalisé un travail remarquable, mais certaines organisations locales nécessitent plus d’éducation au sujet de l’importance de l’accessibilité afin de soutenir pleinement le travail que Sentier Transcanadien accomplit. »

À propos de ce que l’accès au Sentier signifie au niveau personnel : « [L’accès au Sentier Transcanadien] signifie que je peux sortir en plein air et cela améliore ma santé mentale et physique. Les sentiers accessibles signifient que je peux faire une activité aux côtés de mes ami·e·s sans être un fardeau pour ces derniers. Cela me procure une tranquillité d’esprit de savoir que je ne rencontrerais pas un pont trop étroit où je devrai être transportée, ou rencontrer une colline escarpée pour laquelle j’aurai besoin d’une poussée pour monter.

« L’accès au Sentier Transcanadien me donne l’impression d’être la bienvenue. Je suis invitée à la fête à laquelle tout le monde assiste. Je peux être incluse dans un monde où il m’arrive souvent de me sentir exclue. »

Merci