«Ce que nous avons appris du Sentier – et de l’un de l’autre»
Se lancer dans une randonnée de 345 kilomètres au beau milieu de l’hiver n’est certainement pas le moyen le plus aisé d’aborder une aventure de plein air; et pourtant, c’est exactement ce qu’on fait Dawn et Terry McMillan plus tôt cette année! Mariés depuis 31 ans et parents de trois garçons, ils font le récit de leurs aventures sur Le Grand Sentier et nous racontent ce qu’ils y ont appris, tant sur le Sentier que sur eux-mêmes.
C’était le 7 janvier 2017. Emmitouflés dans des parkas à toute épreuve, cachés derrière nos lunettes de ski et chaussés de bottes à crampons, Terry et moi sommes partis vivre une grande aventure: une randonnée sur Le Grand Sentier qui allait nous mener de notre maison, à Calgary, jusqu’à la frontière de la Colombie-Britannique pour célébrer le 150e anniversaire du Canada et le raccordement du Grand Sentier.
Une bordée de neige toute récente rendait nos pas difficiles, et pourtant, nous étions plus rapides que les automobilistes figés sur place par un bouchon de circulation. À bord des voitures, quelques passagers nous prenaient en photo, probablement amusés par notre accoutrement! Le mercure indiquait -16 oC, mais en tenant compte du facteur vent, on ressentait -30 oC à l’extérieur ce jour-là.
Nous avons parcouru les 14,3 premiers kilomètres de notre itinéraire dans un temps tout à fait respectable. Arrivés fatigués et frigorifiés à notre destination du jour – le zoo de Calgary –, nous n’étions pas convaincus du plaisir de l’expérience, mais nous étions certains d’une chose : le défi était intéressant.
C’est ce qui nous a fait avancer. Au total, notre voyage aura nécessité 80 heures de randonnée en 10 mois et, ensemble, nous avons fait 420 000 pas sur une distance de plus de 345 kilomètres.
À pied et en ski de fond, nous avons appris, expérimenté et surmonté les défis en parcourant le Sentier en direction de la Colombie-Britannique. Le Grand Sentier nous a permis d’explorer notre propre ville, puis d’y découvrir des petits trésors et des pans de l’histoire canadienne.
À l’extérieur de Calgary, nous avons exploré l’incroyable territoire de l’Alberta, foulant des kilomètres de pâturage et de chemin de fer vers Cochrane. Puis, nous avons stoïquement fait route vers Bragg Creek avant de nous diriger au pied des Rocheuses, pour éventuellement poursuivre notre randonnée au milieu de leur paysage magnifique, entourés de majestueuses montagnes. Parmi les passages qui furent ardus, la section montagneuse que nous avons parcourue en ski de fond pour atteindre Banff figure probablement en tête de liste.
Ce que nous avons appris sur la randonnée
Terry et moi avons morcelé notre voyage sur Le Grand Sentier en 26 randonnées comptant de 7 à 22 kilomètres chacune. Nous avons dû tenir compte d’une multitude de facteurs pour bien planifier l’aventure – les vents dominants, la neige ou la pluie; l’élévation des sentiers; les fermetures de routes et l’accessibilité en véhicule; la situation géographique des meilleurs points de vue, etc.
Plus tard dans l’année, nous avons réalisé que pour atteindre notre objectif dans la période que nous nous étions donnée, nous devions effectuer plusieurs randonnées chaque week-end. Nous avons alors décidé de camper afin de sauver des heures en déplacement.
Nous avons compris aussi qu’il valait mieux s’attaquer aux randonnées les plus longues ou les plus difficiles dès la première journée, et préparer à l’avance un repas très calorique afin de pouvoir manger dès notre arrivée au camp. Ensuite, il ne nous restait qu’à s’installer près du feu et à s’endormir sous les étoile – une récompense qui n’a pas de prix!
Ce que nous avons appris sur l’équipement
Nous avons appris à bien utiliser les vêtements en superposition. Quelques voyages nous ont suffi pour savoir quand s’attendre à avoir trop chaud ou trop froid, et à partir de là, nous nous sommes adaptés pour éviter l’inconfort.
Nous avions toujours une trousse d’urgence avec nous, ainsi que des médicaments contre l’asthme, les allergies et la douleur. Notre expérience de randonneurs nous a poussés à ranger toutes nos choses dans des sacs Ziploc® pour s’assurer qu’elles restent bien au sec, mais ce sont les montagnes glacées qui nous ont appris l’importance d’emporter des crampons!
Nous avons beaucoup de respect pour le Sentier et la nature; nous ramassons tous nos déchets et observons la marche à suivre pour la toilette en plain air. Quoi qu’il arrive, nous nous assurons aussi qu’il y ait toujours quelqu’un qui sache où nous nous trouvons et à quel moment nous prévoyons rentrer à la maison puisque le réseau cellulaire ne fonctionne pas dans les montagnes.
Ce que nous avons appris l’un sur l’autre
Nous avons appris à se montrer patients, à respecter et à apprécier la valeur de la personnalité et des points de vue de l’autre. Terry adore la randonnée en terrain surélevé avec des vues à couper le souffle; pas moi. J’ai le vertige, alors je préfère le creux des vallées, les lits de ruisseaux et la magie des forêts denses.
J’aime vivre mes randonnées avec l’objectif final en tête et j’ai tendance à vouloir accélérer par esprit compétitif, alors que Terry aime faire des pauses pour profiter du voyage, admirer les paysages et apprendre un peu d’histoire.
Notre aventure sur le Sentier nous a donc appris à faire des compromis et à faire ou à apprécier des choses qui, auparavant, nous auraient ennuyés ou fait peur. Aujourd’hui, nous constatons que le chemin parcouru nous a fait gagner en confiance.
Mais par-dessus tout, cette expérience nous a aidés à nous remémorer pourquoi nous étions amoureux l’un de l’autre, et elle nous a fait réaliser que vieillir est la meilleure motivation qui soit pour réaliser ses rêves et partir à l’aventure.