1 mai, 2024

Comment les initiatives d’inclusion renforcent la connexion entre le secteur des sentiers et ses usagers et usagères

Liste de questions et réponses avec Trisha Kaplan, Directrice, Initiatives d’inclusion sur le Sentier à Sentier Transcanadien

Nous avons récemment créé des lignes directrices pour les Sentiers pour tous. Ces lignes directrices s’adressent aux groupes de sentier, aux bénévoles et à toute personne intéressée par la conception des sentiers et une implication dans le domaine des sentiers. Nous avons rencontré Trisha Kaplan, directrice, initiatives d’inclusion sur le Sentier à Sentier Transcanadien, pour parler des réussites et des défis du projet, et de la façon dont les outils éducatifs tels que les lignes directrices pour les Sentiers pour tous facilitent la connexion entre le secteur des sentiers et ses usagers et usagères.

À propos de Sentiers pour tous

Veuillez décrire le projet des lignes directrices pour les Sentiers pour tous : qu’est-ce qu’un sentier pour tous?

TK : Les sentiers pour tous accueillent tout le monde en offrant une expérience de plein air inclusive pour tout le monde. En allant au-delà des standards communs d’accessibilité, les sentiers pour tous offrent aux visiteurs avec une étendue de besoins l’accès à une variété d’expériences sur les sentiers.

Quels sont les éléments à prendre en compte lors de l’aménagement ou de la conception d’un sentier pour tous?

TK : Les groupes peuvent inclure plusieurs éléments pour rendre leur sentier accessible à tout le monde. Le sentier doit être accessible du point de vue de la mobilité, ce qui signifie qu’il doit être large, d’une surface ferme et à faible dénivelé. Par ailleurs, des outils de navigation doivent être prévus pour les personnes aveugles ou malvoyantes. Il peut s’agir d’une application de navigation, comme BlindSquare, d’une visite audioguidée ou d’un autre outil.

Il existe de nombreuses façons de concevoir un sentier pour en améliorer l’accessibilité, par exemple en tenant compte des usagers et usagères qui s’identifient comme neurodivergentes et en incluant des expériences sensorielles telles que des éléments tactiles ou des jardins sensoriels surélevés.

Comment les groupes de sentier peuvent-ils utiliser ces lignes directrices?

Les lignes directrices visent à fournir des idées pour un sentier. Elles ne remplacent évidemment pas les normes et les exigences légales en matière d’inclusion. Mais même lorsque les sentiers respectent les normes, ils peuvent ne pas être accessibles aux usagers et usagères de façon concrète ni à l’ensemble des personnes intéressées par les sentiers. Nous espérons que ces lignes directrices inciteront les groupes à aller au-delà des normes minimales pour inclure un plus grand nombre d’usagers et usagères.

À propos du processus de développement du projet

Veuillez décrire le processus d’élaboration de ces lignes directrices.

TK : Le processus a été long! Je travaille dans le secteur des sentiers depuis de nombreuses années et j’ai reçu une formation officielle en matière d’accessibilité, et plus particulièrement d’accessibilité en loisir. Avec le temps, j’ai vu et appris des exemples intéressants d’accessibilité des sentiers. J’ai pensé qu’il serait fantastique de rassembler ces idées et ces exemples et de les mettre à la disposition des gestionnaires de sentiers.

En nous appuyant sur mon expérience, nous avons commencé par tracer les grandes lignes des sujets à traiter et des éléments clés qui rendent chaque caractéristique du sentier accessible. Nous avons inclus des exemples de sentiers qui avaient été aménagés de manière créative afin d’en améliorer l’accessibilité. Nous avons également effectué des recherches pour trouver de nouveaux sentiers ayant mis en place des éléments intéressants.

Qui avez-vous consulté lors de l’élaboration de ces lignes directrices, et pourquoi?

TK : Une fois l’ébauche terminée, nous avons engagé plusieurs personnes vivant avec un handicap pour revoir l’ébauche et fournir des idées et des commentaires.

Bien entendu, ce qui est accessible pour une personne peut ne pas l’être pour une autre, c’est pourquoi nous avons veillé à engager des personnes ayant des expériences personnelles diverses en matière d’accessibilité, dont plusieurs expertes en la matière. Nous avons également veillé à ce que plusieurs régions du pays soient représentées, et à prendre en compte le point de vue des Autochtones. Lors de l’élaboration d’un projet, il est primordial d’impliquer les personnes les plus concernées. Peu importe nos connaissances, nous ne pouvons pas vraiment comprendre l’expérience d’une personne sur un sentier si nous ne partageons pas leur point de vue.

Nos contributeurs et contributrices ont révisé chaque partie du projet et ont fourni des commentaires et des idées précieuses que nous avons intégrés dans la version finale. Par exemple, une personne a souligné l’importance des cartes tactiles pour les usagers et usagères de sentiers qui sont aveugles ou malvoyants — que vous pouvez maintenant trouver dans la ressource. Puis une fois le texte terminé et toutes les photos sélectionnées, nos collègues ont traduit et conçu la version qui est disponible aujourd’hui!

Que peuvent apporter les personnes vivant avec un handicap au processus?

TK : Les personnes vivant avec un handicap apportent un large éventail d’expériences et de connaissances aux projets. Même si un sentier respecte les normes en matière d’accessibilité, il peut ne pas être accessible à l’ensemble des usagers et usagères qui souhaitent l’emprunter. L’implication des personnes concernées dans le processus de planification permettra d’identifier les problèmes avant le lancement du projet, et les solutions seront plus facilement identifiées.

L’implication des personnes vivant avec un handicap dans le processus de planification permet également de garantir un accès plus universel aux sentiers, en tenant compte de l’ensemble des sites plutôt que de ses éléments individuels, et des expériences vécues de chacun. Il s’agit de ne pas construire, par exemple, une passerelle accessible sur un sentier dont le point de départ est inaccessible, ou d’aménager des escaliers pour accéder à des toilettes accessibles. Il y a moins de risque d’erreurs si l’on fait appel à des personnes ayant un large éventail d’expériences vécues.

À propos de l’impact de Sentiers pour tous dans le secteur des sentiers

Veuillez expliquer l’importance de Sentiers pour tous, et ce, pour tous les usagers et usagères de sentiers, les groupes de sentier et autres acteurs du secteur?

TK : Nous connaissons tous les nombreux bienfaits des sentiers, du plein air et de l’activité physique. Il existe une incroyable diversité de personnes qui souhaitent profiter de ces bienfaits, et certaines personnes seront en mesure de le faire, tandis que d’autres se heurteront à des obstacles qui rendront l’expérience difficile. Les nouvelles données sur l’incapacité au Canada viennent d’être publiées. En 2022, 8 millions de personnes ont déclaré vivre avec un handicap. Il s’agit d’une augmentation de 5 % par rapport à 2017. Ce pourcentage a augmenté dans chaque province et territoire, et chaque type de handicap a connu une augmentation. Près de 20 % de la population canadienne est âgée de 65 ans ou plus, et cette proportion ne cesse d’augmenter. Ces données mettent en lumière l’importance de créer des espaces publics accessibles pour tous.

Le projet Sentiers pour tous permet à un plus grand nombre de personnes d’accéder aux sentiers en toute sécurité et en toute confiance, et Sentier Transcanadien favorise l’inclusion dans un secteur qui comporte souvent des barrières. Nous sommes en mesure de donner aux groupes communautaires, aux centres pour personnes âgées et à un plus grand nombre de personnes la possibilité de faire l’expérience de la nature et de bénéficier de ses effets positifs.

Au fond, l’objectif de Sentiers pour tous est de faire en sorte que tous ceux et celles qui veulent profiter des sentiers puissent le faire de la manière la plus sûre et la plus indépendante possible, avec leurs amis, leurs amies et leurs familles!

Nous espérons que ces lignes directrices aideront les groupes de sentier — et le grand public — à voir les sentiers sous un nouvel angle et qu’elles les inciteront à les rendre plus inclusives pour tout le monde.

Comment ces lignes directrices ont-elles été utilisées ou comment seront-elles utilisées dans le secteur des sentiers au Canada?

TK : Comme ces lignes directrices sont très récentes, je ne peux pas vous confirmer comment elles ont été utilisées. Mais nous appuyons de nombreux projets d’accessibilité dans tout le pays. En voici quelques exemples :

Nous venons de financer l’achat par Saskatchewan Parks de deux luges adaptées pour permettre aux personnes à mobilité réduite de patiner sur un corridor de sports nautiques du Sentier Transcanadien en hiver. Ces luges ont connu un grand succès!

Grâce à notre Programme de cartographie de l’accessibilité du Sentier, nos cartographes ont identifié des obstacles à supprimer à Wakefield, au Québec, et nous finançons maintenant ces améliorations.

Quels sont les défis liés à la mise en œuvre de sentiers pour tous, s’il y en a, et avez-vous des suggestions ou des conseils à donner aux membres du secteur des sentiers qui sont confrontés à ces défis?

TK : Bonne question! Il y a certainement des défis à relever, comme c’est le cas pour la construction de tout sentier. Parfois, le paysage ou les multiples priorités obligent à faire preuve d’une grande créativité pour trouver des moyens de rendre un sentier accessible à tous. Mais c’est tellement gratifiant lorsque des personnes qui ne pourraient pas le faire autrement utilisent un sentier. La transformation d’un sentier accessible en un sentier pour tous peut s’avérer moins coûteuse que prévu. L’ensemble de la communauté en bénéficie réellement, et les membres de la communauté peuvent être impliqués dans le projet et le créer ensemble. Un conseil : impliquez toujours les personnes concernées dès le début du processus. Cela permet d’économiser de l’argent, du temps et d’éviter toute confusion engendrant la modification d’un projet initial non accessible.

L’interrelation complexe entre les sentiers, le climat et la nature sera au cœur des discussions lors de la Conférence mondiale sur les sentiers, qui se tiendra à Ottawa du 30 septembre au 3 octobre 2024. La conférence est créée sur mesure pour les personnes amatrices de sentiers, les dirigeants et dirigeantes du secteur, les spécialistes des activités de plein air, les universitaires et les groupes de sentiers qui souhaitent se pencher sur la question des sentiers et de leur rôle dans l’atténuation des effets du changement climatique. Pour en savoir plus sur la conférence ou s’y inscrire dès maintenant.

Consultez nos lignes directrices pour les Sentiers pour tous ici.