11 octobre, 2019

De Fredericton à Upper Kent

Par Julie Chatelain et Simon Lacroix

En sortant de Fredericton, le Sentier Transcanadien continue de longer la rivière St-Jean. Cette section du Sentier suit un parcours historique: c’est durant la guerre de 1812 que le 104e régiment l’a créée pour rejoindre les soldats britanniques afin de lutter contre l’invasion américaine. Parcourir ce sentier nous aurait certainement été plus difficile à l’époque de sa création, et ces hommes ont d’ailleurs dû y souffrir énormément puisqu’ils ont fait ce trajet en hiver.

En quittant la ville, nous avons suivi ce sentier panoramique au bord de la rivière sur plusieurs kilomètres avant de nous retrouver une fois de plus sur la route 102. Cette route était achalandée et, en plus, son accotement était étroit. Mais les couleurs de l’automne étaient majestueuses, et nous étions heureux. Autre avantage de l’automne: les pommiers. Quel délice que de pouvoir trouver de bonnes pommes croquantes sur notre route! Nous avons trouvé un beau site de camping près de French Village, une communauté autochtone.

Le lendemain, 6 octobre, nous avons marché le long de l’autoroute toute la journée. Les terres agricoles et la superbe vue de la vallée de la rivière Saint-Jean nous ont accompagnés en chemin. Tout près de Hawkshaw, nous avons de nouveau trouvé un petit site plat, caché derrière quelques arbres, où nous avons passé la nuit dans le froid. Pendant ces quelques jours, les températures ont plongé sous zéro durant la nuit, et nos sacs de couchage d’été étaient trop légers pour ce type de météo. Chaque nuit, nous avons dû dormir avec tous nos vêtements pour rester au chaud; heureusement, nous avions emporté deux manteaux chauds et avions acheté des couvertures en polar à Fredericton. Nous étions drôle à voir, emmitouflés dans nos sacs comme deux saucissons!

Les balises du Sentier Transcanadien nous ont dirigé sur une route qui se transforme en cul-de-sac, où nous avons vite constaté que le chemin était abandonné. Douteux, nous avons poursuivi notre progression en suivant les directions de l’application mobile. Après une heure et demie de marche, nous sommes devenus anxieux; devions-nous rebrousser chemin? Devions-nous continuer? Cette piste étroite, envahie par la végétation, longeait la rivière. Mais soudainement, la petite voie abandonnée a bifurqué pour emprunter un superbe pont pédestre. Quel soulagement! Dans cette région, le Sentier transite par plusieurs de ces routes abandonnées. Après que nos nerfs se soient rétablis de l’épisode d’anxiété provoqué par cette route isolée, nous avons adoré cette section. Des arbres au feuillage coloré, un Sentier bien aménagé, une vallée pittoresque; une fois de plus, nous marchions au paradis!

Après une courte pause dans un dépanneur de Meductic, nous avons continué, empruntant la route 165 jusqu’à un site de camping qui se trouve le long d’un étang près de Flemington. La soirée venteuse et ses nuages orageux nous annonçaient du mauvais temps, mais une fois installés dans nos sacs de couchage, c’est à peine si nous avons remarqué la pluie; épuisés, nous avons dormi comme des bûches jusqu’au matin.

Une belle marche sur une route secondaire nous mena à Woodstock. De là, nous avons suivi un autre ancien chemin de fer longeant de la rivière – une autre section incroyable. Le Nouveau-Brunswick prend soin de ses sentiers, ce qui nous a rappelé le sentier de la Confédération sur l’Île-du-Prince-Édouard. Nous avons quitté le Sentier pour nous approvisionner et prendre un deuxième déjeuner chez Tim Hortons. Après quelques minutes de marche, nous avons profité d’une vue superbe du pont couvert – le plus long du monde, avec près de 400 mètres. Pour camper cette nuit-là, nous avons arrêté notre choix sur un parc qui nous offrait une vue du pont.

Durant nos voyages, nous adoptons toujours une boisson. En Arizona, c’était le thé glacé; en Espagne, le Kaz Limon; dans les Maritimes, nous avons adopté le thé de Tim Horton (il y avait des succursales partout!). Là, nous pouvions recharger nos téléphones, faire un peu de «Facebooking», ou écrire notre blogue tout en dégustant une soupe ou un sandwich.

Nous marchions dans un brouillard épais, accompagné d’une bruine légère. Le temps s’était réchauffé un peu, mais la pluie persistait. Près de la rivière, le Sentier traversait quelques collectivités. En arrivant à Stickney, nous avons été accueillis par un panneau qui disait: «Souriez, vous entrez dans notre ville de Stickney». C’était un mignon village endormi. Un peu plus loin, nous sommes arrivés à Florenceville-Bristol, un village un peu plus grand et plus touristique, avec de belles maisons anciennes. Nous avons passé une heure dans cette ville charmante pour jaser un peu avec des gens de l’endroit. Un peu plus tard, de retour sur le Sentier, nous avons pu voir le barrage de Beechwood, flanqué d’un très beau parc aménagé par la communauté. Nous avons trouvé un endroit discret où passer la nuit.

D’ici, il nous restait 120 kilomètres à parcourir avant de rejoindre Edmundston – 4 ou 5 jours de marche, selon nos calculs. Nous nous croisions les doigts, espérant bénéficier d’une météo clémente et de jambes légères.

Vous nous trouverez sur le Sentier, à mettre un pied devant l’autre…

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