15 Décembre 2025

Huit années, 45 000 km et des souvenirs impérissables : le parcours d’Aiden Beckett sur le Sentier Transcanadien

Aidan Beckett takes a selfie on the Trail.

Pour Aidan Beckett, ce lever de soleil couronnait plus de huit années d’efforts. 

Le 16 novembre, alors que le soleil se levait sur le cap Spear, le point le plus à l’est du Canada, ce randonneur de 28 ans entamait la dernière étape de son périple commencé à 19 ans. Plus tard dans la matinée, au moment même où le soleil se levait sur la côte ouest du Canada, où le voyage d’Aidan Beckett avait commencé, il atteignait sa destination : le kilomètre zéro du Sentier Transcanadien, à St. John’s, dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador. 

Ce moment représentait l’aboutissement d’une décennie passée à traverser le Canada, d’un océan aux deux autres, principalement sur le Sentier Transcanadien. En comptant son itinéraire direct et ses aventures parallèles, Aidan Beckett a parcouru près de 47 000 kilomètres, en s’arrêtant seulement quelques mois chaque hiver et quelques années (un arrêt forcé) pendant la pandémie de COVID-19. 

« J’étais si ému à l’idée d’avoir atteint mon objectif, qui m’avait porté pendant huit années », raconte Aidan Beckett. « Ma famille a rendu ce moment encore plus spécial en étant sur place. J’étais à la fois excité et heureux en repensant à tous ces souvenirs et aux défis que j’avais relevés. »   

Aidan Beckett stops for a photo on a gravel trail.

Les premières étapes 

Aidan Beckett venait tout juste de terminer ses études secondaires lorsque son aventure a commencé en mai 2017. Né à Saskatoon, en Saskatchewan, il a passé la majeure partie de sa vie en Colombie-Britannique et, comme beaucoup de jeunes diplômés, il envisageait de voyager à l’étranger. C’est alors qu’il a pris conscience d’une chose qui a changé tous ses plans : « Je n’arrêtais pas de me poser la question suivante : pourquoi voyager aussi loin alors que le Canada est tellement beau? J’ai réalisé que je n’avais pas vraiment exploré mon propre pays. »  

Motivé par son objectif simple avec une signification profonde, à savoir de découvrir un maximum de paysages canadiens, Aidan Beckett a commencé sa randonnée sur la côte sud-ouest de l’île de Vancouver, à Sooke, en Colombie-Britannique. Il planifiait d’emprunter le Sentier pour se rendre de l’océan Pacifique à la côte arctique, puis de traverser le pays jusqu’à l’Atlantique, en explorant de nombreux sentiers secondaires et voies navigables supplémentaires pour enrichir son expérience. 

« Au début, j’étais à la fois exalté et effrayé de faire les premiers pas, et je me souviens avoir pris une grande inspiration en m’encourageant : « Voilà que je m’apprête à faire du kayak et à découvrir ce qui se présente devant moi », a-t-il dit. « Et plus j’avançais, plus ça devenait facile. Le fait d’affronter cette peur initiale m’a permis de vivre tellement d’expériences incroyables! »  

Aidan kayaks in open water with coastline in the background.

Cultiver l’art de ralentir, même dans les déplacements

Lorsqu’il s’est lancé dans cette aventure au printemps 2017, Aidan Beckett avait prévu de terminer son périple en 2020. Certaines parties de son trajet devaient être effectuées en voiture, en autobus ou en traversier, mais il était déterminé à n’utiliser que des moyens de transport non motorisés pour parcourir le Sentier.  

Au cours de son aventure, il a utilisé 28 moyens de transport non motorisés différents, allant de la marche au cyclisme, en passant par le canot-kayak, le patinage sur glace et le traîneau à chiens. Il a même effectué un kilomètre en monocycle! 

Bien qu’il ait prévu d’atteindre l’océan Atlantique environ trois ans et demi après son départ, la vitesse n’a jamais été sa principale motivation. En fait, son aventure a pris encore plus de sens grâce à cette volonté de ralentir.  

« C’est en marchant et en pagayant d’un bout à l’autre du pays que j’ai vraiment pu remarquer les détails de la nature », explique-t-il. « À force de randonner pendant des mois dans des forêts, j’ai pu témoigner de leurs multiples transformations : la croissance des feuilles, le développement des branches, l’évolution des cours d’eau et les allées et venues des animaux. » 

Cette beauté silencieuse et poétique de la nature se révélait alors de manière évidente, et c’est cette lenteur qui m’a ouvert les yeux sur les équilibres et les rythmes délicats du monde. » 

Aidan Beckett at the Trans Canada Trail's Arctic KM Zero in Tuktoyaktuk, NWT.Même s’il prenait le temps d’apprécier les détails en chemin, Adrian Beckett respectait son calendrier. Le 1er juillet 2018, il a atteint le kilomètre zéro du Sentier Transcanadien à Tuktoyaktuk, dans les Territoires du Nord-Ouest. Il avait traversé des montagnes, la toundra, des prairies, des rivières et des lacs, et, lorsqu’il a pris sa pause hivernale habituelle près de la fin de l’année 2019, il approchait de la frontière entre le Québec et le Nouveau-Brunswick.  

C’est alors que s’est présenté un défi que personne n’aurait pu prévoir.  

Quand la pandémie de COVID-19 a frappé en mars 2020, Aidan a essayé de respecter son programme, en se concentrant davantage sur les voies navigables afin de mieux respecter les mesures de distanciation sociale. Mais finalement, en septembre 2020, il a dû se résigner à mettre sa mission en pause et à rentrer chez lui en Colombie-Britannique.  

« Pendant la pandémie, et plus particulièrement en 2020 et 2021, j’ai gardé espoir, me répétant sans cesse que je reprendrais la route un ou deux mois plus tard », raconte-t-il. « J’avais déjà consacré trois ans et demi à ce voyage. L’idée d’abandonner mon projet me semblait impossible, et c’est cette détermination qui m’a permis de continuer. » 

Aidan stands on a lookout admiring a beautiful green landscape below.

« Abandonner n’a jamais été une option »

Après une pause de quatre ans et demi, Aidan Beckett a repris là où il s’était arrêté en avril 2025. Dès le début de son périple, il avait enregistré ses progrès sur son site Web et son compte Instagram, et son retour sur le Sentier lui a enfin permis d’ajouter des kilomètres à son compte total, qui était déjà impressionnant! 

Il avait déjà parcouru environ 36 000 kilomètres dans tout le pays, et la dernière étape dans le Canada atlantique allait lui en ajouter plus de 10 000. Mais Aidan Beckett ne mesurait pas seulement ses progrès en kilomètres : il a méticuleusement documenté tout son parcours, pouvant affirmer avec certitude qu’il a visité plus de 1 000 parcs et sites historiques, et même 1 379 établissements Tim Hortons.  

Sa traversée des paysages et des climats variés des Maritimes et de Terre-Neuve au printemps, en été et en automne illustrait parfaitement son cheminement complet.  

Aidan Beckett at Cape Spear, Canada's Easternmost Point.Pendant plusieurs mois, il a parcouru des forêts et des côtes rocheuses, affrontant à la fois des tempêtes de neige et des températures de 35 degrés. Il a persévéré malgré un autre contretemps indépendant de sa volonté, lorsque plusieurs provinces ont dû fermer leurs sentiers en raison d’incendies de forêt. Et, comme tout au long de son périple, il a bénéficié de l’aide d’inconnus.  

« Le Canada est un pays vaste et magnifique, qui regorge de paysages remarquables et de beautés naturelles d’un océan aux deux autres », explique Beckett. « Mais sa grande force réside dans la gentillesse et la générosité de ses habitants et habitantes. J’ai rencontré un nombre incroyable de personnes prêtes à m’aider et à me soutenir, où que je sois, tout au long de mon expédition. Le peuple canadien est incroyablement accueillant et toujours prêt à donner un coup de main. »  

Des paysages époustouflants aux rencontres inoubliables, Aidan Beckett a appris d’innombrables leçons tout au long de son itinéraire, qui restera gravé dans sa mémoire. Il espère pouvoir inspirer davantage de personnes à trouver leur propre façon de profiter de la nature.  

« J’ai trouvé quelque chose d’unique et d’impressionnant dans chaque recoin du Canada, et cette expérience représente une belle leçon d’humilité. ». C’est facile de dire que nous vivons dans un pays magnifique, mais c’est autre chose que de le découvrir par soi-même. Cette expérience m’a rappelé combien il est important de préserver ces merveilles naturelles pour les futures générations. » 

Crédits photo : Aidan Beckett