Entrevue avec un partenaire du STC : Carolyn Stewart, Planificatrice, parcs régionaux, parcs et services environnementaux, Comté régional de la capitale
STC: Une grande partie du travail que nous faisons au sein du sentier Transcanadien (le Sentier) est de collaborer avec des partenaires locaux pour mener à bien le raccordement du Sentier à l’échelle pancanadienne pour 2017, année qui marquera le 150e anniversaire de la Confédération canadienne. Concrètement, comment cet aspect s’inscrit-il dans votre travail?
CS: Le district régional de la capitale (DRC) partage la vision du sentier Transcanadien et travaille activement à l’aménagement de 13 nouveaux kilomètres de sentier traversant la réserve faunique du parc régional de Sooke Hills, qui feront partie intégrante du Sentier au sein de la région de la capitale.
STC: Quelle est l’utilisation la plus courante du Sentier sur l’île de Vancouver?
CS: Le Sentier existant est emprunté par les adeptes de randonnée, de marche, de vélo et même d’équitation, à certains endroits. On retrouve le long du Sentier plusieurs lieux magnifiques qui attirent aussi bien les résidents du secteur que les touristes.
STC: Parlez-nous un peu de l’histoire du Sentier dans la région et sur l’île de Vancouver?
CS: Le district régional de Nanaimo (DRN) a officiellement ouvert sa première section du Sentier entre la ville de Nanaimo et le district régional de Cowichan Valley au début de 2001. Dans le DRN, le Sentier fait environ 30 km de long et emprunte quatre sentiers de la région (les sentiers Extension Ridge, Pipeline, White Pine et Haslam).
Dans le district régional de Cowichan Valley (DRCV), le Sentier court le long du sentier existant de Cowichan Valley, s’étendant de l’extrémité sud du lac Shawinigan jusqu’à l’extrémité nord du DRN. Le pont sur chevalets de Kinsol, possiblement le plus haut pont ferroviaire sur chevalets en bois au Canada, a été restauré afin de servir à la randonnée, au vélo et à l’équitation, bonifiant par le fait même l’expérience des utilisateurs du Sentier.
Au sein du district régional de la capitale, l’idée de contribuer au prolongement du Sentier fait son chemin depuis les années 1990. Le sentier régional Galloping Goose (existant) du DRC constituera une partie du Sentier, sans compter que, récemment, d’importants efforts ont été consacrés à la planification d’un nouveau sentier de 13 km qui sera rattaché au Sentier entre la réserve faunique du parc régional de Sooke Hills et le district régional de Cowichan Valley. De plus, les villes de Victoria et de Langford œuvrent chacune à différentes sections du Sentier.
STC: Quels sont les principaux défis à relever dans l’aménagement de sentiers dans la région?
CS: Trois défis sont prédominants. Tout d’abord, l’acquisition des terres nécessaires ou encore la négociation d’ententes visant l’aménagement, l’exploitation et l’entretien d’un tronçon de sentier sur les terres d’une autre personne. Mener à bien cette étape peut souvent prendre plusieurs années.
Le second défi est posé par les terrains escarpés qui longent certaines parties de la route visée. Il peut s’agir d’un obstacle majeur à l’aménagement d’un sentier. Lors de l’étape de planification, nous tentons d’éviter les pentes abruptes et les autres obstacles physiques, mais ce n’est pas toujours possible. Par exemple, le long du nouveau sentier de la réserve faunique Sooke Hills aménagé par le DRC, on retrouvera à quelques endroits des pentes d’une inclinaison de 10 à 16 %. Dans certains secteurs, il est tout simplement impossible de contourner les obstacles. Il faut alors gravir et dévaler les talus jusqu’à rejoindre le district régional de Cowichan Valley. Cela dit, vous êtes largement récompensé pour vos efforts lorsque, à votre arrivée au sommet de certaines collines, vous découvrez les panoramas spectaculaires qui s’offrent à vos yeux.
Le troisième obstacle notable à l’aménagement du Sentier est plutôt formé par les traverses de rivières et de ruisseaux. Sur les tronçons existants du Sentier de l’île, on retrouve toute une diversité de ponts et de ponts sur chevalets utilisés pour traverser les cours d’eau importants, et d’autres doivent être construits sur les tronçons à aménager. Des traverses très larges sont parfois nécessaires, et le défi ne se limite pas au coût de construction de ces ponts, mais également à la manière de les transporter jusqu’aux endroits éloignés qui ne sont parfois desservis par aucune route. Il est quelquefois arrivé que des hélicoptères soient utilisés pour gagner un point précis d’un parc ou d’un sentier.
STC: Quels défis présentent l’entretien et la maintenance des sentiers?
CS: L’un des premiers défis est l’entretien continu. L’éloignement et la topographie de certains sentiers peuvent rendre leur entretien plus difficile que dans les zones urbaines. Par exemple, le maintien de la surface de gravier exigera beaucoup plus d’entretien sur les tronçons escarpés que sur les sections plus planes. De plus, le transport du matériel de surfaçage jusqu’à certains endroits qui ne sont pas accessibles aux véhicules ajoute encore à la difficulté. Sans compter que le nombre grandissant de sentiers aménagés dans la région exige le recours a encore plus d’équipes d’entretien des sentiers.
Il faut également s’assurer que les gens restent sur la voie et respectent les règlements du parc ou du sentier où ils se trouvent. C’est là une condition essentielle pour protéger l’environnement et assurer la sécurité des utilisateurs; d’autant plus que cela témoigne du respect dont font montre les utilisateurs envers les sentiers. Les organismes de gestion peuvent également avoir quelques préoccupations quant au risque accru de feux de friches, tout particulièrement pendant les mois secs de l’été sur l’île de Vancouver, en cas de camping dans des endroits non désignés à cet effet ou d’accès au sentier par des véhicules motorisés. Dans certains cas, les organismes de gestion des sentiers ont conclu des ententes avec des propriétaires de terrains privés en vue de permettre le passage d’un sentier sur leur propriété; il est alors essentiel que les utilisateurs demeurent sur le chemin tracé. Dans d’autres cas, les sentiers peuvent traverser des parcs comprenant des zones vulnérables ou des habitats fauniques clés, et le fait pour les utilisateurs de quitter le chemin peut avoir des répercussions dont ils ignorent l’importance. Il est primordial que les utilisateurs des sentiers respectent les règlements et que les groupes de gestion assurent une surveillance permanente pour assurer l’équilibre entre la protection et la bonne utilisation. J’ajouterais aussi qu’il serait important que les utilisateurs procèdent à une planification préalable à leur visite d’un sentier, pour assurer qu’ils comprennent raisonnablement la nature de la piste qu’ils parcourent et ce à quoi ils peuvent être confrontés. S’ils savent à quoi s’attendre et qu’ils sont correctement préparés aux obstacles potentiels, comme l’inégalité du terrain, l’absence de service cellulaire ou les possibles rencontres avec la faune, cela fait une bonne différence.
Le maintien de relations cordiales avec les voisins des tronçons est également un aspect essentiel à l’entretien des sentiers. Les sentiers qui traversent ou longent des lotissements résidentiels offrent aux résidents l’accès à d’excellentes occasions récréatives à proximité et peuvent augmenter la valeur des propriétés. Ces voisins peuvent aider les organismes de gestion en leur servant d’yeux et d’oreilles dans le secteur. Souvent, ce sont ces gens qui signaleront aux organismes les problèmes qui doivent être résolus.
STC: Parlez-nous des autres partenaires, individus ou organismes qui investissent des efforts essentiels dans le raccordement du Sentier sur l’île de Vancouver.
CS: Au sein de la région de la capitale, les villes de Victoria et de Langford appuient le raccordement du Sentier d’ici 2017 en aménageant des tronçons du Sentier dans leurs municipalités respectives. Comme je l’ai déjà dit, le DRC collabore également étroitement avec son proche voisin, le DRCV, sur ce projet. L’organisme du sentier Transcanadien a été d’une grande aide pour ceux d’entre nous qui œuvrent à la création des sections restantes du tracé principal du Sentier, grâce à son soutien quotidien et à une aide financière, lorsque possible.
STC: Quelle est la partie la plus agréable de votre travail?
Mon travail comporte deux parties « très agréables ». D’abord, le fait de travailler avec une équipe formée de personnes particulièrement dévouées qui se soucient profondément des parcs et qui désirent trouver les meilleures manières de protéger les richesses naturelles tout en offrant aux gens la possibilité de profiter de ces richesses. Ensuite, le fait de pouvoir travailler sur le terrain pour mettre au point les détails à l’égard du tracé d’un sentier ou pour trouver des manières de résoudre des questions ou problèmes précis qui surgissent dans un parc. Ce sont là les aspects les plus agréables de mon travail. Mais honnêtement, qu’y a-t-il de mieux que d’être payé pour travailler dans un parc ou à son aménagement? Personnellement, je ne vois rien.