À la rencontre de la guérison, de l’hospitalité et de la gentillesse sur Le Grand Sentier
En 2016, nous avons entendu l’un des témoignages les plus inspirants jusqu’ici à propos du Sentier: Trevor Hodgson, un cycliste passionné originaire de Kelowna, en Colombie-Britannique, nous a expliqué comment rouler sur des sections du Grand Sentier l’aidait à composer avec sa maladie bipolaire.
«Je ne peux pas dire que le Sentier m’a sauvé la vie, mais il m’a donné une raison de vivre, nous confiait Trevor en 2016. Maintenant, faire du vélo sur le Sentier est l’occasion pour moi de rester en forme, de contrôler mon poids et de combattre la dépression.»
Après plus d’une décennie et des milliers de kilomètres «d’aventures en vélo de montagne dans l’arrière-pays», Trevor a poursuivi sa mission d’explorer tous les recoins du Canada sur le Sentier et, en 2018, il a atteint son ambitieux objectif.
Bien décidé, le cycliste a entamé la dernière portion de son aventure en mai 2017 au Point zéro, à Terre-Neuve, avec en tête le but de rouler vers l’Ouest en direction de Victoria, en Colombie-Britannique.
Empruntant d’abord le Newfoundland T’Railway, «qui fut stimulant et gratifiant», il a ensuite parcouru l’ensemble du Confederation Trail, pour lequel il a eu un véritable coup de foudre à l’Île-du-Prince-Édouard. La première partie de ses aventures en 2017 l’a amené à traverser des sections du Sentier en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, au Québec et en Ontario.
«Au Nouveau-Brunswick, Woodstock m’a accueilli par un arc-en-ciel double et m’a comblé avec son lever et son coucher du soleil sur le fleuve Saint-Laurent, se remémore-t-il. Et plus loin, la beauté du Québec et son amour pour le vélo me sont allés droit au cœur.»
Malheureusement, un écueil important attendait Trevor lors d’une halte à Winnipeg. Alors qu’il faisait ses emplettes dans un supermarché, quelqu’un a profité de son absence pour voler sa bicyclette et son équipement, qui se trouvaient sous clé à l’extérieur du magasin.
«L’effondrement émotionnel qui m’a submergé lorsqu’on a volé mon vélo a bien failli me faire tout lâcher», admet-il. Mais quand il a su qu’on avait retrouvé sa remorque et son équipement abandonnés dans une ruelle, Trevor a retrouvé la détermination qu’il fallait pour continuer.
Porté par les encouragements de ses amis et des membres de sa famille, il s’est adressé aux médias et a mis sur pied une campagne de financement GoFundMe pour trouver les fonds nécessaires à l’achat d’une nouvelle bicyclette. En 48 heures, de bons samaritains de Winnipeg et d’ailleurs lui ont permis d’amasser 3 000 $.
«J’ai été complètement soufflé par la réponse positive que j’ai reçue des gens de Winnipeg et de partout au Canada; ce fut toute une surprise, dit Trevor. En à peine une semaine, mon nouveau vélo était fin prêt et j’ai pu poursuivre mon périple transcanadien.»
«Malgré la colère, la peur et le ressentiment résiduels que j’éprouvais en lien avec le vol de mon vélo, j’ai retrouvé foi en l’humanité grâce aux gens de Winnipeg, ajoute-t-il. Mon nouveau vélo était performant, même qu’il s’agit en fait d’un excellent vélo de montagne, tout à fait adapté au parcours du Grand Sentier.»
Muni d’un nouveau vélo et d’une nouvelle perspective, Trevor s’est une fois de plus lancé à l’aventure, cette fois à l’assaut de sections du Sentier en Saskatchewan, en Alberta puis, éventuellement, dans sa province de résidence, la Colombie-Britannique.
C’est ainsi qu’au cours de la seule année 2017, Trevor a roulé sur 10 031 kilomètres au total.Et pourtant, son aventure pancanadienne était loin de s’achever. En 2018, il s’est remis en selle et s’est attaqué au Sentier dans les Territoires du Nord-Ouest.
«Je n’ai pas vu la noirceur pendant tout un mois sur l’autoroute Dempster, raconte-t-il. Le matin du solstice d’été, je roulais dans le cercle arctique à 2 h 30 du matin.»
Il a passé la fête du Canada de 2018 à Tuktoyaktuk, dont les habitants ont préparé un repas au barbecue inspiré de la cuisine traditionnelle pour célébrer.
Quand il a atteint la fin de son périple pancanadien, Trevor a eu du mal à donner une nouvelle orientation à sa vie pendant les premiers temps.
«J’avais passé tellement de temps à rêver de parcourir le Sentier à vélo que je n’avais pas réfléchi à ce que je ferais ensuite, dit-il. Atteindre mon but m’a replongé dans la déprime – j’aurais voulu que ça ne s’arrête jamais. Comme toujours, je combats la dépression en pensant au moment où je vais retourner sur Le Grand Sentier.»
En 2019, Trevor a pris une pause du cyclisme de longue distance afin de pouvoir élever son nouveau chiot, Daphne. Mais il ne s’écoulera que peu de temps avant que lui et Daphne reprennent le chemin du Sentier à nouveau.
«Le Sentier occupe toujours sa place dans mon cœur, et j’ai hâte de vivre les défis qu’il me réserve encore», dit Trevor.
«Notre pays a la réputation bien méritée d’avoir des paysages magnifiques et une population amicale, et je me considère vraiment chanceux de pouvoir visiter autant d’endroits spectaculaires. Les gens que j’ai rencontrés se sont montrés amicaux, gentils et serviables; le Canada est un pays fantastique, et le traverser sur deux roues m’a permis de me constituer une immense collection de souvenirs et d’histoires.»
Suivez l’évolution de Trevor sur le Sentier: Trev’s Travels.