27 septembre, 2023

Le Sentier Transcanadien de Yannick : du rêve à la réalité

Yannick Proulx

Que feriez-vous si vous étiez millionnaire? C’est une question du livre intitulé Le petit guide de l’Ikigai. J’y avais répondu : je traverserais le Canada à pied. Rien de moins. Quelques années plus tard, en faisant le ménage, je suis tombé sur le calepin dans lequel j’y avais inscrit les réponses des questions du livre. Je l’ouvre et je tombe sur cette fameuse question qui allait changer ma vie. En y réfléchissant, je me dis : je n’ai pas 1 million de dollars en banque, mais j’ai la liberté de choisir ce que je veux faire dans ma vie. Et c’est à ce moment que je me suis dis que le 15 avril 2023 serait la date de départ pour réaliser ce rêve.

La route magique

Le 15 avril 2023, à Terre-Neuve-et-Labrador, je débute cette marche de cap Spear sur le East Coast Trail. Une vue infinie sur l’océan Atlantique, des oiseaux qui se battent contre le vent qui est si puissant que moi-même j’ai de la difficulté à me tenir en équilibre. Je me rends jusqu’à St. John’s, 24 kilomètres plus loin. Le lendemain, j’emprunte le sentier Newfoundland T’Railway, un tronçon de 888 kilomètres. J’ai pris vingt-huit jours pour compléter cette route rocailleuse.

Je pourrais nommer le Sentier Transcanadien comme suit : la route magique. Jusqu’à aujourd’hui, elle m’apporte un lot de surprises et de richesses en rencontres humaines, en découvertes de la faune et la flore et, sans oublier, tout le volet de mon évolution spirituelle et personnelle.

La générosité des gens à mon passage

Yannick et un membre de la famille

Chaque matin, lorsque je me réveillais, je prenais conscience du moment présent. Je n’avais aucune idée à quel endroit j’arriverais le soir venu. Et chaque soir, j’étais en extase par les paysages et l’accueil des gens. En effet, dans les maritimes, ce qui m’a le plus marqué, est l’ouverture de la population des quatre provinces. Lorsque je voyais un endroit où je me sentais en sécurité, je n’hésitais pas à cogner à une porte pour demander si je pouvais y installer ma tente. Finalement, la majorité des gens m’offraient un lit douillet, au chaud, à l’intérieur de leur demeure.

Le 6 mai, je suis dans un petit village à Gallants, j’avais installé ma tente près d’une rivière. J’avais demandé à un voisin si je pouvais mettre mon sac de nourriture chez lui, à l’abri des petites bestioles. Le matin suivant, aux aurores, je vais récupérer mon sac. Après un copieux petit déjeuner offert par cet homme, je suis prêt à entreprendre cette journée. Le soir venu, je vois un terrain plat, parfait pour y passer une belle nuit. Les 35 kilomètres que je venais de parcourir m’avaient épuisé. Je cogne à la porte, une femme aux cheveux blancs bouclés m’ouvre et m’invite aussitôt à entrer, et m’offre un thé. On fait les présentations et je fais la rencontre de sœur Betty. Nous bavardons de tout et de rien et elle m’offre de demeurer dans l’une des chambres d’amis. Le lendemain, je quitte le cœur rempli, prêt pour la suite de cette aventure.

Une panoplie de défis… et un regain d’espoir

Yannick debout sur un pont à Ottawa.

Malgré la beauté des paysages et de la bonté humaine, j’ai dû faire face à une panoplie de défis. Entre autres, le découragement et les remises en question. Ayant marché durant plusieurs jours de grisaille, mon esprit commence également à se remplir d’un brouillard qui m’emmène vers la décision fatidique de l’abandon. C’est rendu à Woodstock, au Nouveau-Brunswick, que je décide d’aller vers la région de Charlevoix au Québec, le temps de laisser passer la mauvaise température. À ce moment, je reçois l’appel de mon ancien beau-frère qui est camionneur. Il me mentionne, comme par hasard, qu’il est à Woodstock dans quarante-cinq minutes. Le lendemain, il me ramène chez moi pour que je puisse me reposer. Deux jours plus tard, je retourne dans la région de Charlevoix dans un monastère pour reprendre des forces. Cinq jours plus tard, je poursuis ce voyage. Arrivé à Baie-St-Paul, plus rien ne va. Je suis à bout de souffle, fatigué et découragé par le mauvais temps. J’abandonne. Je retourne chez moi. Au bout de deux semaines, je ressens le sentiment de l’inachèvement. Mon cœur et mon âme vibrent à l’idée de reprendre. Alors, le 4 juillet, je reprends là où j’avais terminé. Trente-six jours plus tard, j’arrive à Gatineau avec le regain d’espoir de pouvoir me rendre à Victoria en Colombie-Britannique.

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