13 juin, 2023

Le Sentier Transcanadien de Bonnie : tisser une communauté sur le Sentier

Bonnie

Marcher en solitaire sur le Sentier Transcanadien en tant que moyen de tisser une communauté? Et non, ce n’est pas contradictoire!

Il ne s’agissait pas exactement d’une stratégie bien réfléchie, mais d’une impression que j’ai eue en cours de route. En découvrant le Canada à un rythme humain, je me suis dit que cela pourrait m’aider à me reconnecter avec le Canada que j’avais en tête.

Une vision ambitieuse

Le Canada que j’avais en tête? Une vaste étendue sauvage, peu peuplée d’êtres humains chaleureux, humbles et diversifiés. L’agitation politique des années 1960 et la politique canadienne du multiculturalisme de 1971 — une première mondiale qui a vu le jour en contraste avec le « melting pot » américain — ont à la fois cimenté certains aspects d’une réalité canadienne existante et nourri une vision ambitieuse d’une connexion fondée sur l’expansion de la diversité, de l’ouverture et de l’opportunité.

Quand j’étais petite, dans les années 1990, le multiculturalisme était un concept bien accepté, et j’avoue que ce récit national me plaisait beaucoup. Mais en grandissant, ma relation amoureuse avec le Canada a changé au fur et à mesure que je découvrais les nombreuses injustices de notre passé et de notre présent collectifs. Je devais comprendre qui nous étions vraiment. Ce que j’en ai retiré, c’est une vaste communauté et des gens qui, comme moi, essaient de trouver des moyens de combler les fossés.

Une communauté qui prend naturellement racine

Bonnie solo hiking on the trail

Ceux qui connaissent les sentiers de randonnée aux États-Unis ont peut-être une image romantique de ces foules qui se déplacent à pied pour atteindre un même objectif. La communauté prend naturellement racine lorsque les gens se croisent et partagent les mêmes expériences dans les localités traversées par les sentiers, aidés par les mêmes « Trail Angels », soit des experts des sentiers qui viennent en aide aux randonneurs, et ce, année après année. Le trésor national que représente le Sentier Transcanadien diffère à bien des égards de ses cousins américains, car l’approche de chaque pays à l’égard de son sentier de randonnée national symbolise la nation dans laquelle il s’inscrit. Ainsi, alors que l’Amérique représente le melting pot de la randonnée, le Sentier Transcanadien du Canada est un sentier multiculturel à multiples facettes et multiusages. La communauté qui en résulte n’est autre qu’une communauté pour tous.

Une accessibilité pour tous les types d’usagers

Notre long sentier se distingue avant tout par son accessibilité à différents types d’usagers : certains tronçons peuvent être parcourus à pied, à vélo, en fauteuil roulant, en raquettes, à cheval et en bateau, pour n’en citer que quelques-uns, mais tous les tronçons ne peuvent pas être parcourus de toutes les façons. Quel que soit votre mode de transport préféré, vous pourrez le pratiquer sur le Sentier Transcanadien, et vous trouverez les membres de ces diverses communautés d’usagers de sentiers en train de discuter le long du Sentier, de faire de la place aux autres et de leur céder le passage. Les usagers du Sentier sont par nature des gens attachés à leur communauté. Si vous cherchez à élargir votre réseau, il vous suffit de sortir en plein air!

Selon moi, les registres de sentiers sont un excellent moyen pour le Sentier Transcanadien et les groupes de sentiers connexes de faciliter le développement d’une communauté. Le long du Kettle Valley Rail Trail et du Columbia and Western Rail Trail en Colombie-Britannique, les registres de sentiers m’ont permis d’établir des liens avec les randonneurs qui me précédaient et ceux qui me suivaient. Je suis ici, ai-je pensé en écrivant mon nom dans le registre au sommet de Gray Creek Pass, un col accidenté et isolé qui traverse les montagnes Purcell. En consultant les noms et les dates inscrits au-dessus du mien, j’étais remplie de présence et de fierté alors que la neige du solstice d’été s’abattait sur le col de la montagne.

Plus d’un voyageur à vélo ou à moto m’a dit « Tu dois être Bonnie! » en s’arrêtant pour discuter tout au long des 91 kilomètres de sentier, après avoir lu mes registres en cours de route et répondu à l’invitation à se connecter. Même si elles étaient courtes et éphémères, ces interactions me donnaient un regain d’énergie et un sentiment de sécurité et de communauté au cours de ce qui autrement aurait été une marche solitaire dans une nature sauvage, froide et silencieuse.

Des gens qui veillent sur nous

Plus loin sur le Sentier, après Cranbrook, en Colombie-Britannique, j’ai été surprise par un gros orage. Comme personne d’autre n’était sorti par mauvais temps, j’avais l’impression d’être seule au monde. Alors que la foudre frappait et que le tonnerre grondait dans ce paysage montagneux, je craignais le pire, isolée dans la vallée.* J’étais épuisée d’avoir passé trop de nuits à dormir sur mes gardes en territoire de grizzlis. Loin de tout abri et sans aucune possibilité d’échapper à la tempête, j’ai sorti ma tente de mon sac et l’ai plantée au bord du Sentier pour attendre la fin de l’orage. Une sieste dans l’après-midi était exactement ce dont j’avais besoin.

Alors que je m’endormais, j’ai entendu des voix étouffées et cru sentir les parois de ma tente bouger lorsqu’un rocher s’est glissé en dessous. Est-ce que quelqu’un était venu pour me dire de partir? Dans mon demi-sommeil, j’ai décidé d’ignorer. Lorsque je me suis réveillée, j’ai réalisé ce que j’avais manqué : un mot des cyclistes Kristen et Trent qui avaient lu mes registres de sentiers et qui m’avaient finalement rattrapée. Bien que nous ne nous soyons jamais rencontrés, la note qu’ils ont laissée témoigne de la communauté qui existe sur les sentiers : souvent, sans que l’on s’en rende compte, des gens veillent sur nous.

La grande communauté des sentiers

Trail volunteers

Vous pensez peut-être qu’une communauté pancanadienne est trop vaste! Saviez-vous qu’il existe plus de 500 organisations de sentiers locaux qui sont associés au Sentier Transcanadien? En établissant des liens avec ces organisations et les personnes qui en assurent le bon fonctionnement, il est plus facile de se connecter à la communauté des sentiers.

À Winnipeg, j’ai eu le plaisir de rencontrer Tim Coffin et Janette Crawford de Trails Manitoba, qui m’ont mis en contact avec les bénévoles du sentier de Neepawa, qui se sont ensuite joints à moi pour parcourir leur tronçon du Sentier Transcanadien! Au sud d’Inverness, en Nouvelle-Écosse, j’ai eu la chance de participer au sondage annuel sur le sentier côtier Celtic Shores et de rencontrer des dizaines de bénévoles sympathiques qui contribuent à son entretien. Dans les deux cas (et bien d’autres encore!), c’est grâce à ces interactions avec les usagers de sentiers locaux que j’ai appris à connaître l’histoire, la population, le territoire et la culture de la région, m’immergeant ainsi dans la communauté, un pas et une conversation après l’autre.

Je vois le Sentier partout

Grâce au Sentier Transcanadien, vous pourriez même découvrir de nouvelles parties de votre propre communauté! À Québec, mes hôtes Leslie et Luc m’ont dit qu’ils venaient de remarquer qu’un sentier de leur quartier faisait partie du Sentier, et que ce n’est qu’après m’avoir rencontrée qu’ils avaient réalisé leur proximité du Sentier Transcanadien. Avant, j’étais comme ça aussi, mais maintenant je vois le Sentier partout. Mieux encore, onze mois de marche m’ont montré qu’en suivant le Sentier Transcanadien, je suis sûre de voir certains des plus beaux coins de chaque communauté.

Par où commencer?

Vous aimeriez peut-être vous attaquer à un petit tronçon du Sentier Transcanadien pour une fin de semaine de randonnée ou un court circuit à vélo. Vous ne savez pas par où commencer? La communauté des sentiers en ligne est tout aussi dynamique et prête à échanger des idées que la communauté des sentiers sur le terrain!

Suivez les organisations provinciales comme Trails BC ou Trails Manitoba sur les médias sociaux, ou entrez en contact avec des usagers du Sentier en recherchant le mot-clic #SentierTranscanadien ou en utilisant la carte du Sentier Transcanadien pour trouver les noms des tronçons locaux (et rechercher ces mots-clics). Depuis trois ans que je fais partie de la communauté en ligne du Sentier Transcanadien, les nombreux randonneurs, cyclistes, skieurs, raquetteurs et canoéistes qui ont parcouru de grands tronçons du Sentier sont d’un grand soutien et sont toujours heureux de partager leurs expériences!

Maintenir en vie le rêve du Sentier Transcanadien, d’un océan aux deux autres

Bonnie standing on a bridge

Comme le Canada et les Canadiens, le Sentier Transcanadien est un mélange de choses, avec une communauté constituée de multiples facettes : le regroupement de plus de 15 000 communautés, 500 groupes de sentiers locaux, une douzaine de façons différentes de parcourir le Sentier, des millions d’usagers du Sentier et des milliers de bénévoles qui maintiennent en vie le rêve du Sentier Transcanadien, d’un océan aux deux autres.

Parmi ces histoires qui sont encore en train d’être écrites, le Sentier Transcanadien tisse des liens entre les gens et relie des communautés. Il invite à explorer ce que nous avons de plus précieux, soit le plein air, et il constitue un chemin qui nous permet d’élargir notre imaginaire canadien et de découvrir ce qui se trouve au-delà de chez nous.

« Plus que jamais, j’étais convaincu que l’ancienne façon de voir les choses ne permettait pas d’exprimer ce grand pays qui est le nôtre, sa profondeur, sa hauteur, sa nature sauvage sans limites, son silence trop fort pour être brisé — pas plus que dix millions d’appareils photo, à travers leurs boîtiers mécaniques, ne pourraient jamais montrer le vrai Canada. Il fallait le sentir, le faire passer par des esprits vivants,
le sentir et l’aimer. » (traduction libre) – Emily Carr

*Essayez d’éviter de pratiquer des activités de plein air pendant un orage. Cliquez ici pour connaître les meilleures pratiques à adopter si vous êtes surpris par la foudre en plein air. 

Vous voulez en apprendre davantage? Gardez un œil sur cette page pendant les mois à venir alors que je partagerai des moments forts, des conseils de sécurité, la magie des sentiers et l’expérience d’affronter le Sentier à vélo après s’être brisé le pied! Vous pouvez également suivre mes histoires sur Instagram (@bonnbury, en anglais seulement) et mon journal photo du Sentier sur mon blogue (www.bonnvoyages.ca). Au plaisir de vous voir dehors!