10 novembre, 2019

De Upper Kent à Edmundston

Par Julie Chatelain et Simon Lacroix

Des tempêtes aux États-Unis avaient amené des jours de pluie dans les Maritimes. Les précipitations variaient entre bruine et pluie diluvienne. Nous marchions sur le Sentier en évitant les flaques d’eau pour essayer, en vain, de garder nos pieds secs. À Perth-Andover, nous nous sommes arrêtés chez Tim Hortons pour nous remonter le moral avec une bonne tasse de thé. Nous étions fatigués, et la pluie n’aidait pas. Julie parlait beaucoup de notre demeure à Ottawa!

À Aroostook, le Sentier Transcanadien traversait un ancien pont piétonnier. La journée s’allongeait et nous cherchions un site pour installer notre tente. Par hasard, nous avons suivi un sentier de VTT qui nous a menés à un beau site plat parmi les arbres. La pluie a cessé en fin d’après-midi, et nous en avons profité pour nous asseoir et préparer notre repas – quelle tranquillité!

Nous nous sommes réveillés le lendemain sous la pluie. Une fois notre campement rangé, nous sommes repartis. L’application du Sentier était très précise. Même en pleine forêt, le localisateur GPS indiquait toujours notre position géographique à quelques mètres près. Une fois localisés, nous sélectionnions notre trajectoire parmi les routes et sentiers avoisinants. Dans la région de Morrell, le Sentier se dirigeait haut dans les collines en raison d’un énorme éboulis le long de la route West River. Nous avons choisi de suivre la route jusqu’à Ortonville, et non le Sentier, pour éviter les collines escarpées et le détour imposé.

En entrant à Grand Falls, nous avons rencontré une dame de Comox (en Colombie-Britannique) qui faisait la traversée du pays en voiture. Elle nous informa que les chutes de Grand-Sault étaient les plus grandes chutes à l’est de celles du Niagara. Quoique sec à ce temps-ci de l’année, le site ressemblait au barrage de Paugan (près de Wakefield, au Québec), là où Julie et ses frères allaient se baigner dans leur enfance.

Le Sentier suivait le rivage de la rivière Saint-Jean; quel délice en ce temps de l’année! Très bien entretenue, cette section offrait à nos pieds un répit et une pause bien nécessaires après de longues sections sur la chaussée. Mais nous savions que le Sentier rejoignait la route à Grand Falls. En traversant un autre ancien pont ferroviaire, nous sommes arrivés sur la route 108. Ici, nous avons opté pour une chambre d’hôtel afin de profiter d’un bain chaud et de pouvoir laver nos vêtements.

Il nous restait deux jours à traverser les Maritimes, deux jours de route exclusivement, le long de la 144. Pour rompre la monotonie, nous avons suivi quelques routes secondaires qui traversaient les villages le long du chemin. Cette région du Nouveau-Brunswick ayant une forte présence francophone, le son et la cadence de l’acadien étaient comme de la musique pour nous. On s’attardait pour profiter de quelques conversations avec les gens du pays, mais il faisait froid et nous devions continuer. Le dernier matin, après avoir traversé la collectivité de Rivière-Verte, nous avons fait face à une fermeture de route. Après une bonne discussion (continuer, ou emprunter le détour?) la voix de la raison (Julie), nous a convaincus d’emprunter le détour et de suivre la route transcanadienne sur quatre kilomètres. Ce ne fut pas agréable, mais plus sécuritaire.

La fin de notre séjour était survenue soudainement. Nous sommes entrés dans Edmundston et avons pris quelques photos pour ensuite nous diriger vers le restaurant Tim Hortons. Là, nous avons attendu l’autobus. Aucune parade ou célébration; juste nous deux en ville, seuls en piste avec quelques personnes au regard surpris. Nous étions fiers d’avoir réalisé notre objectif!

Avec le recul, chaque province des Maritimes nous a offert une expérience très différente. Terre-Neuve était sauvage, et ses habitants étaient incroyablement sympathiques. On ne s’y est jamais sentis seuls. Quoique superbe, avec ses magnifiques panoramas et plusieurs sections incroyables comme celle de la baie de Fundy, le Sentier Transcanadien en Nouvelle-Écosse, à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick suivait principalement des routes pavées et des sentiers battus à l’écart des collectivités. On s’y est sentis à l’écart et isolés. Le lien commun fut le chemin de fer; nous nous sommes sentis proches de l’histoire de ces belles provinces. Ce ruban ferroviaire fait partie de notre héritage et forgeait un chemin à travers les sections boisées, les campagnes et les communautés. Il nous a guidés à travers les plus beaux paysages des Maritimes.

Nous retournions à la maison pour l’hiver afin de préparer notre prochaine aventure: une deuxième saison de marche sur le Sentier Transcanadien pour traverser le Québec et l’Ontario. D’ici là, nous espérons que vous réalisez vos rêves et que vous n’oubliez pas que «se perdre en forêt, c’est se retrouver»!

Vous nous trouverez sur le Sentier, à mettre un pied devant l’autre…

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