Lors de l’évaluation d’un site potentiel, prendre en compte la nature du paysage et à quoi seront exposés les arbres quotidiennement dans leur environnement. Les arbres sont souvent plantés selon les conditions météorologiques moyennes, alors qu’en fait, ils connaissent des conditions météorologiques extrêmes (les extrêmes de température) et des contrastes saisonniers.
Cette section comprend des informations et des considérations pour l’évaluation des sites afin d’offrir aux arbres les meilleures chances de croissance et de survie, y compris la planification à l’avance, les considérations relatives au sol, la tolérance à la lumière, les conflits liés aux branches, le choix de l’emplacement, les considérations relatives aux racines, l’impact potentiel des espèces envahissantes, ainsi que les organismes nuisibles et les maladies.
1. La planification à l’avance
Afin d’atteindre un résultat favorable dans le futur, commencer par la création d’un plan qui tracera la voie à suivre pour réussir à planter des arbres. Les questions à aborder pourraient inclure les suivantes :
- Quels sont les buts de la plantation d’arbres? Par exemple : accroître la biodiversité, créer un abri, mitiger l’érosion ou fournir une source de nourriture à la faune.
- Les considérations relatives à la condition du sol, telles que les suivantes :
- Est-ce que le site sera exposé à des éléments tels que le vent, le sel de déneigement ou la pollution?
- Est-ce que le sol est humide ou sec? Acide ou alcalin? Argileux ou sablonneux?
- Est-ce que les besoins en lumière seront atteints?
- Comment déterminer les conditions du site actuellement inconnues (pour vous)?
- Le site répondra-t-il aux besoins de(s) arbre(s) une fois qu’il(s) a (auront) atteint (sa) leur pleine maturité, y compris les suivants :
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- Prendre en compte la taille et la forme attendues de l’arbre mature
- Les besoins en matière d’espacement.
- Y a-t-il des impacts environnementaux potentiels sur l’écosystème existant? Par exemple : la plantation d’espèces dominantes qui étouffent les populations indigènes existantes, ou la plantation d’arbres où un écosystème existant fournit un habitat unique pour la flore et la faune qui pourraient être affectées négativement par l’introduction d’espèces d’arbres (p. ex., les écosystèmes des prairies indigènes).
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2. Les considérations relatives au sol
La relation entre un arbre et le sol où il est planté est complexe et exerce une influence majeure sur la croissance et la santé de l’arbre. Les sols sont décrits par des indicateurs, dont leur composition physique (les minéraux du sol et leur distribution) et leur composition chimique (acidité, salinité et nutriments).
Les considérations relatives au sol comprennent l’accès à l’humidité, les nutriments, la température, le drainage et la porosité. Essayer de choisir un site qui répondra autant que possible à ces facteurs qui influencent la croissance des arbres tout en choisissant un arbre qui poussera bien dans le sol existant. Les conditions peuvent varier entre les sites et ne sont pas toujours évidentes lors d’une seule visite.
Les indicateurs à évaluer incluent les suivants :
La structure du sol
- Une bonne porosité du sol permet aux racines de pousser et d’accéder à l’air, à l’eau et aux nutriments.
- Si un sol est jugé pauvre, sa composition peut souvent être améliorée avec l’ajout d’éléments tels que le compost, le sable, les sols structuraux, etc. Remarque : cela peut créer plusieurs profils de sol que le système racinaire devra naviguer pendant la croissance de l’arbre. Idéalement, un arbre devrait être choisi en fonction des conditions d’un site.
La compaction du sol
- Pour évaluer le compactage et la capacité d’absorption d’un sol, il suffit de creuser un trou, de verser de l’eau à l’intérieur et de voir à quelle vitesse elle s’écoule.
- Dans les sites avec un sol compacté, les radicelles ont généralement moins accès à l’eau et à l’air, et les pointes de croissance ont plus de mal à se frayer un chemin dans la matière. Il s’agit d’un problème courant pour les arbres urbains, soit les arbres qui poussent dans toute zone fréquemment fréquentée par des piétons ou des véhicules.
- En cas de compactage important, une fourche peut être utilisée (avec précaution) pour ameublir le sol dans la zone racinaire.
L’eau du sol
- La disponibilité en eau du sol peut souvent être un problème critique pour les arbres nouvellement plantés. Trop peu d’eau provoque des conditions semblables à la sécheresse et sans un système racinaire établi, le semis ne résistera pas. Trop d’eau, et les racines manquent d’oxygène, ce qui cause aussi l’échec des semis. Ce point est abordé plus en détail dans la section La post-plantation et l’établissement.
3. La tolérance à la lumière
Les arbres réagissent différemment aux différents niveaux d’ensoleillement. Selon les espèces, les arbres sont plus ou moins tolérants à la lumière. Choisir le bon arbre pour un site spécifique en fonction de la disponibilité de la lumière augmentera les chances pour un succès à long terme.
TYPE D’ENSOLEILLEMENT
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EXPOSITION À LA LUMIÈRE DU SOLEIL |
Plein soleil | Plus de six heures d’ensoleillement direct par jour |
Ombre partielle | Moins de six heures d’ensoleillement direct ou de lumière du soleil filtrée par jour |
Ombre complète | Moins de quatre heures de lumière du soleil filtrée par jour; très peu ou pas d’ensoleillement direct par jour |
4. Les conflits liés aux branches
Avant de planter, il est essentiel de déterminer la distance du site de plantation par rapport aux infrastructures proches (sentiers, bâtiments, fils électriques, poteaux, ponts, etc.). En choisissant les espèces, viser à réduire les risques de conflit entre les branches en tenant compte de la taille adulte (à la fois en hauteur et en largeur), la forme de croissance ou le port des arbres par rapport aux sentiers, ou les structures avoisinantes.
Pour toute question relative aux lignes directrices établies pour votre région, consulter l’autorité locale concernée.
5. Le choix de l’emplacement
Lorsqu’il est question de choisir un emplacement pour favoriser le bon développement d’un arbre, plusieurs facteurs doivent être pris en compte. Ils comprennent la recherche avancée, les besoins de distance de protection, le risque de dommages causés par le sel et le déglaçage, et l’accessibilité.
La recherche avancée
Avant de creuser, vous renseigner sur l’emplacement des services publics souterrains. La municipalité locale est un bon point de départ pour déterminer les personnes ou entreprises appropriées qui peuvent fournir ces informations. Une fois les informations reçues, les utiliser pour éviter les câbles et les fils enterrés sur la propriété lors de la réalisation des activités de plantation d’arbres.
Les distances de protection
Les zones de protection riveraine sont créées afin d’obtenir une zone tampon entre les milieux terrestre et aquatique. Parmi les nombreux avantages, une zone de protection riveraine peut permettre de stabiliser l’érosion des banques, et de protéger les cours d’eau et les terres agricoles. Pour commencer le processus :
- L’inventaire de la végétation existante : les zones de protection riveraine efficaces ont deux à trois zones de végétation, avec un mélange de petits arbustes et de grands arbres.
- La détermination d’une taille idéale : la largeur choisie dépend fortement de la fonction de la zone, p. ex., la stabilité des berges (5 mètres), l’élimination des sédiments (10-30 mètres) et l’habitat du corridor faunique (10-300 mètres).
Le risque de dommages causés par le sel, le déglaçage et le déneigement
Les dommages causés par le sel d’épandage se manifestent le plus souvent le long des autoroutes à grande circulation, où un volume important de sel d’épandage est déposé sur les plantes et les arbres avoisinants en raison de la vitesse élevée des véhicules. Le dommage est généralement le plus grave à moins 18 mètres de la route, bien qu’il puisse parfois s’étendre beaucoup plus loin (p. ex. : épandage déposé sur les autoroutes surélevées au-dessus des sentiers). Prendre compte des éléments suivants pour diminuer les risques de dommages :
- Une distance minimale de cinq mètres sur le bord de la route peut réduire le stress du sel sur les arbres. Cela dépend de la pente; une pente descendante vers l’arbre augmentera l’exposition aux dommages causés par le sel. Il est essentiel de planter des espèces tolérantes au sel dans ces zones.
- Arroser les arbres généreusement lors des températures hivernales plus chaudes pour réduire la concentration de sel dans le sol.
- Éviter les emplacements qui sont très fréquentés par les opérations de déneigement. Si votre sentier est déneigé à l’hiver, garder à l’esprit que les amas de neige déposés peuvent écraser les jeunes gaules.
L’accessibilité
La forme d’un arbre peut avoir un impact sur l’accessibilité d’un site, par conséquent :
- Envisager la forme de croissance de l’arbre : les branches basses gêneront-elles la circulation des piétons? Une couronne dense ou des branches obstruent-elles la vue et nuisent-elles à la sécurité des piétons et à la circulation des véhicules?
- Le corridor du sentier doit être entretenu pour l’accessibilité et la sécurité; les corridors de sentiers sont abordés dans la section La distance de plantation.
6. Les considérations relatives aux racines
Les racines des arbres ont de multiples fonctions : elles ancrent l’arbre au sol, absorbent l’eau et les nutriments, et stockent des réserves de nourriture. La croissance, le développement, la taille, la forme et la fonction des racines sontcontrôlés par la génétique, l’environnement et la gestion. Les racines de la plupart des arbres se développent dans le premier mètre du sol, la plupart des petites racines absorbantes étant situées dans les 15 premiers centimètres du sol.
Le risque de problèmes racinaires lors de la transplantation
- Les racines sont facilement déchirées et endommagées pendant le processus de transplantation, en particulier les petites racines fibreuses.
- Les racines étrangleuses peuvent s’enrouler et créer des systèmes racinaires encombrés, limitant radicalement la durée de vie d’un arbre. Lors de la plantation, vérifier que les racines ne s’enroulent pas et ont le potentiel de s’étendre vers l’extérieur.
- Les racines étrangleuses sont souvent associées à une plantation trop profonde, un sol compacté et de mauvaises pratiques de culture en pépinière.
Les exigences de la zone racinaire
La biomasse aérienne ne correspond pas à la biomasse souterraine.
- Les trous de plantation devraient être larges et longs, mais pas profonds. Ne jamais planter un trou plus profond que la pelote racinaire.
- Les racines peuvent s’étendre latéralement sur un très grand rayon, équivalant souvent à trois fois la largeur de la couronne.
Les conflits racinaires
- Les racines sont opportunistes et pousseront où les conditions sont favorables (eau, air, nutriments). Certaines espèces possèdent des systèmes racinaires plus agressifs que d’autres. Si possible, retirer les plantes concurrentes de la zone.
- Les arbres adultes peuvent avoir des racines qui s’étendent sous un sentier. Lors d’une plantation d’arbres adjacente à un sentier, envisager une espèce d’arbre avec une racine pivotante plutôt qu’une espèce dont les racines sont peu profondes ou qui a tendance à s’enraciner en surface. Garder à l’esprit que les arbres adultes peuvent développer des racines de surface au fil du temps, surtout lorsque les conditions sont défavorables.
7. L’impact potentiel des espèces envahissantes
Une espèce envahissante a un impact destructeur sur un ou l’ensemble des éléments suivants : les infrastructures construites, les actifs naturels, et la santé et la sécurité des personnes. Une espèce envahissante manque souvent d’ennemis naturels ou d’autres formes de compétition pour maintenir son aire de répartition et sa population sous contrôle.
La lutte antiparasitaire intégrée est une approche holistique de prévention et de gestion des dégâts causés par les organismes nuisibles, qui vise à maintenir les populations d’organismes nuisibles en dessous de seuils spécifiques. Une combinaison de pratiques préventives, et de stratégies de contrôle et de traitements soigneusement sélectionnés est employée, en mettant l’accent sur la réduction de l’utilisation de pesticides.
Les mesures de lutte permettant de maintenir les populations d’organismes nuisibles sous un seuil minimal sont spécifiques aux espèces concernées. Les organismes nuisibles et les espèces envahissantes qui ont de graves incidences sur la santé humaine telles que la berce du Caucase peuvent être traités avec une tolérance zéro, alors que d’autres, qui ne sont qu’une simple nuisance, peuvent être traités avec un niveau de tolérance plus élevé. La détection et l’action précoces sont essentielles pour une réponse efficace.
Une stratégie à long terme pour la plupart des espèces envahissantes inclut les éléments suivants :
- Jeter les plantes envahissantes dans les ordures ménagères et non dans le compost. Les fleurs jetées au sol peuvent produire des graines.
- Retirer les producteurs de semences les plus prolifiques en premier (identifier les plantes fruitières à la fin de l’automne
- Consacrer un certain moment de chaque année aux efforts de contrôle.
- Planifier de replanter les espèces indigènes une fois que les espèces envahissantes ont été éradiquées.
- Un contrôle de suivi est essentiel pour retirer les plants de semis qui pourraient pousser à la suite des premiers efforts d’élimination.
Toute personne utilisant un pesticide, un herbicide, un fongicide, etc., est tenue de respecter l’ensemble de la législation 0édérale et provinciale relative à son utilisation.
Les ressources pour les espèces envahissantes peuvent varier selon la région. Le Invasive Species Centre est une bonne ressource qui présente les espèces envahissantes les plus courantes et les stratégies de gestion.
La Stratégie nationale sur les espèces exotiques envahissantes du gouvernement du Canada fournit de l’information à propos de la prévention de nouvelles invasions, la détection précoce de nouveaux envahisseurs, la réponse rapide à de nouveaux envahisseurs et les approches de gestion.
8. Les organismes nuisibles et les maladies
La sélection des plants, la préparation des sites et la surveillance des jeunes plants peuvent participer à une meilleure gestion de nombreux organismes nuisibles et maladies. Se référer aux pépinières locales pour identifier et gérer les maladies ainsi que les organismes nuisibles courants. Les arbres sont résilients et la présence d’une population d’organismes nuisibles peut être dans un seuil gérable pour un arbre (p. ex., les insectes qui se nourrissent, et les organismes nuisibles et les maladies qui déforment les feuilles). Les organismes nuisibles et les maladies continueront de changer au fil du temps avec le changement climatique, les hivers plus chauds qui ne conduisent pas au dépérissement des insectes, et la migration des organismes nuisibles et des maladies à travers les régions. Les arbres ayant des problèmes potentiels avec des organismes nuisibles et des maladies sont indiqués dans la liste des arbres complémentaire. Pour en savoir plus à propos des organismes nuisibles et des maladies qui affectent les arbres au Canada, consulter la liste des arbres en ligne de Ressources naturelles Canada, disponible ici.