28 septembre, 2024

Le Sentier Transcanadien de Jacqueline : faire de la randonnée à Terre-Neuve sur l’East Coast Trail 

Écrit par Jacqueline L. Scott (traduit de l’anglais)

Veuillez noter que certains hyperliens sont en anglais seulement.

L’odeur de pins et de cèdres flottait dans l’air alors que nous faisions de la randonnée le long de la crête. Franchir des rochers, monter et descendre des pentes, enjamber des terrains marécageux est un véritable bonheur, si tu aimes l’aventure en pleine nature. 

Nous étions sur l’East Coast Trail, le tronçon le plus à l’est du Sentier Transcanadien, soit 336 kilomètres de parcours accidentés qui longent la côte orientale de Terre-Neuve. Il y a 25 tronçons de sentiers qui varient de niveau facile à modéré, en passant par difficile. Basés dans des cabines à Tors Cove – pour une semaine de vacances d’été en randonnée – nous avons suivi les sentiers autour de Bay Bulls, Witless Bay et St. John’s, sur un paysage déchiqueté, travaillé par le temps et la géologie. L’eau de mer l’a gravé en criques, grottes et falaises. Lors de nos randonnées sur la crête, nous avions des vues imprenables de la mer qui jouait avec la terre. Les hameaux et les bateaux de pêche se blottissent dans des criques, protégés par le pouvoir du puissant océan Atlantique.  

La mer, source de nourriture et d’histoires 

Plaque au point de départ du km 0 du Sentier Transcanadien à cap Spear, Terre-Neuve.

Dans ce territoire accidenté, la mer est source de nourriture et d’histoires. Les nations autochtones de la région pêchent toujours la crevette et le homard dans ces eaux riches et froides. Comme elles le font depuis des millénaires. 

Le bateau était essentiel pour la pêche et le transport. Pendant des centaines d’années, les colons de Terre-Neuve pêchaient la morue. Séchée, salée et emballée dans des tonneaux, la morue était expédiée vers les Caraïbes comme nourriture bon marché pour les esclaves. Les liens commerciaux étroits entre les îles ont façonné les cultures culinaires. Le poisson salé est toujours un aliment de base de l’alimentation caribéenne. Le « sreech » est la boisson préférée de Terre-Neuve et est fait à partir de rhum des Caraïbes. Un jour, nous avons eu des crêpes et des saucisses pour le déjeuner. Le sirop traditionnel de Terre-Neuve, quant à lui, était fait à partir de la mélasse des Caraïbes. 

La nature a ses limites. En 1992, la pêche commerciale est arrêtée pour donner à la morue une chance de se rétablir. Nous ne voulons pas que la morue suive le même chemin que l’eider du Labrador. L’extinction. Ce canard a été aperçu pour la dernière fois en 1875. Le moratoire sur la pêche de la morue a été partiellement levé en 2024. 

Un paysage onirique 

Hameau de pêcheurs le long de l’East Coast Trail, à Terre-Neuve.

Le brouillard est arrivé alors que nous marchions. La visibilité est tombée à environ cinq mètres. La vapeur glaciale était comme un rideau de coton blanc et doux. Elle flottait dans un paysage onirique aux contours nets des arbres et des falaises, rétroéclairé par le soleil, disparaissant et réapparaissant de vue alors que le vent et le brouillard s’agitaient. Les vagues qui frappaient sur les roches rassemblaient à des battements de tambour alors que nous marchions.  

Nous avons pris une journée de repos pour une excursion en bateau autour de la réserve écologique de Witless Bay. Les baleines agitaient leur queue en l’air alors qu’elles plongeaient au fond de la mer. Mais ce sont les macareux moines qui m’ont captivé. Ces petits oiseaux noir et blanc, avec un bec et des pattes orange vif, étaient aussi mignons qu’un personnage de dessin animé. Je les ai ajoutés à ma liste de vie d’oiseaux observés, tout comme le guillemot de Troïl (guillemot marmette), le guillemot de Brünnich et le fou de Bassan.  

Garder l’océan sur notre droite 

Paysage accidenté sur l’East Coast Trail.

Le jour suivant, c’était de nouveau le temps de randonner. Le soleil rayonnait alors que nos bottes de randonnée foulaient, glissaient ou se faufilaient sur le sentier. Il était bien indiqué avec de nombreux panneaux indiquant le chemin. Nous les avons constamment comparés à nos cartes. Pour moi, la façon la plus simple de naviguer était de garder l’océan sur notre droite.  

À la fin de la randonnée, nous avons regagné les cabanes. Un changement de vêtements rapide, ensuite un plongeon dans un lac frais. Nous avons nagé quelques minutes, laissant l’eau froide masser nos muscles fatigués. J’ai savouré le moment, je me suis mise sur le dos et j’ai laissé mes rastas flotter dans l’eau. Il y aura d’autres randonnées demain. 

Jacqueline L. Scott est une chercheuse, écrivaine et activiste pour la race et la nature. Elle est candidate au doctorat à l’université de Toronto. Sa thèse s’intitule Black outdoors: The perception of the wilderness in the Canadian imagination (Les personnes noires et le plein air : la perception de la nature sauvage dans l’imaginaire canadien). Suivez-la sur son blogue et sur Instagram @Blackoutdoors1.