2 octobre, 2019

Kawartha: quand prendre soin d’un sentier implique toute une collectivité

Texte et photos de Kimberley Fehr

 

Chaque printemps et chaque automne, Ben Van den Broek, résident d’Omemee, travaille bénévolement dans le cadre d’une opération titanesque de tonte de pelouse sur le sentier Kawartha – de Lindsay jusqu’à Peterborough, puis de Peterborough à Lindsay. Au cours des trois dernières années, il a fait équipe avec Art Thompson, qui vit dans la collectivité adjacente de Reaboro, une autre petite ville sur le sentier de Kawartha.

«Je m’assure qu’il y ait toujours au moins deux personnes là-bas, et nous travaillons tous les deux là-dessus, explique Ben. Joyce, mon épouse, n’aime pas tellement me voir partir là-bas tout seul; il faut dire que c’est plus sécuritaire à plusieurs.» Ben s’installe au volant du tracteur, alors qu’Art ouvre la voie dans le camion de Ben pour ouvrir les portails et ainsi s’assurer que le tracteur n’ait pas à s’arrêter, et il en profite pour s’occuper des endroits que le tracteur ne peut atteindre.

 

Deux bénévoles venus de deux villes du Sentier

«C’est le plus gros travail que nous accomplissons, dit Ben. C’est une journée éreintante parce qu’il faut vraiment porter une attention constante à tout ce qui se trouve autour de nous. On guette les gens à vélo qui viennent dans notre direction – on a quand même une lame tranchante en activité! Certaines personnes promènent leur chien sans laisse, alors on doit s’assurer d’arrêter la lame à certains moments pour éviter que quelqu’un se blesse.»

Ben est à demi-retraité; avec Joyce, il s’occupe de la boutique Ben’s Antiques, à Omemee, dans une maison qui fut jadis la propriété de l’une des résidentes les plus connues de la ville, Lady Flora Eaton: une fille d’Omemee qui est entrée dans la dynastie Eaton par alliance, puis est ensuite devenue matriarche.

Il y a environ quatre ans, un membre du club Lion’s a demandé à Ben s’il accepterait de s’occuper de la tonte de la pelouse. «J’ai répondu: parce que j’aime le sentier et que j’en ai beaucoup profité. J’ai du temps parce que je suis à la retraite. J’ai toujours travaillé à l’extérieur, alors au fond, je ne fais que continuer.»

Ancien vendeur de machinerie dans une coopérative agricole, Ben commente: «Mes moments préférés sont ceux où dans ma journée de travail, j’aperçois une maman et un papa qui sont sortis avec leurs enfants à vélo ou pour faire une marche; quand ils me demandent ce que je fais et que je le leur explique, ils me remercient pour mon travail. J’apprécie beaucoup ces instants-là.».

 

Callaghan Farm Supply fait don de l’utilisation d’un tracteur

Tondre la pelouse nécessite habituellement deux jours. Cet automne, toutefois, Ben et Art ont pu compléter la tâche en une seule journée grâce à Steve Callaghan, de Callaghan Farm Supply, à Lindsay, qui s’est chargé d’une partie de leur section. Steve a généreusement offert de prêter à l’organisation de Sentier Transcanadien un tracteur pour accomplir la tâche. C’est un autre bénévole, Dan Plancke, de Manila, qui prend soin du tronçon du sentier qui se trouve à l’ouest de Lindsay; la tâche complète nécessite donc quatre jours de travail au total.

 

Des groupes communautaires agissent comme partenaires administratifs

Ben s’est impliqué auprès du Sentier par l’intermédiaire du club Lion’s d’Omemee qui, avec ses 100 bénévoles et plus, est l’un des 12 partenaires administratifs assignés à l’entretien des sections du sentier Kawartha, long de 53,8 kilomètres.

Al MacPherson, un bénévole qui dirige le processus en tant que conseiller de sentier, dit : «Nous avons une entente qui détaille ce que les partenaires administratifs doivent faire. Ils procèdent à des inspections du sentier au printemps et à l’automne, font des réparations mineures, enlèvent les déchets laissés par des usagers. Si un arbre présente un risque d’effondrement, ils aident à le couper, ou alors nous le coupons et ils viennent ensuite pour enlever les débris.».

Quand il était étudiant, Al a rédigé sa thèse sur les sentiers. Puis, comme professeur à l’université Trent et au collège Fleming, il a donné des cours sur les sentiers pour enseigner comment les construire et comment les utiliser. Maintenant qu’il est à la retraite, il partage son expertise à titre de bénévole. Il dit que la leçon la plus importante à retenir en matière de sentiers est: «L’eau ruine les sentiers». Une planification soignée, notamment au chapitre de la déclinaison, des virages en lacets et d’autres techniques, fait toute la différence pour prolonger la durée de vie d’un sentier.

Parmi les autres partenaires administratifs, on retrouve le collège Fleming, le Heart of Ontario Snowmobile Club, un couple de la collectivité de Little Britain, une compagnie de vélos nommée Spokes for Folks, l’organisation Green Trails Alliance, et d’autres encore.

À Omemee, le club Lion’s tient deux fois l’an des événements de nettoyage du sentier, installe de la signalisation, se charge de l’ouverture et de la fermeture des portails, et organise des événements majeurs, tels que la célébration Canada 150, à laquelle ont participé environ 3 000 personnes sur le sentier.

 

Des bénévoles sont venus dégarnir le pont

L’automne dernier, quand le pont qui traverse la rivière Pigeon sur le sentier à Omemee subissait des travaux de restauration, un groupe de bénévoles du club Lion’s a passé près de trois semaines à retirer le bois de sa structure avant que l’entrepreneur vienne terminer son travail sur le pont. Art et Ben y étaient.

«Il a fallu donner un coup avant que l’entrepreneur n’arrive, se remémore Art. Quand on rassemble plusieurs personnes, chacun motive l’autre. Quelqu’un dit <J’ai du temps demain; as-tu du temps, toi?>, et la première chose qu’on réalise, c’est qu’on a déjà trois ou quatre personnes qui se présentent pour faire le travail».

Art et les autres bénévoles ont récolté les vieux clous et les vieilles vis du pont, les ont apportés chez un revendeur de métal, puis ont offert la somme obtenue à Camp Kirk, qui œuvre auprès d’enfants présentant des difficultés d’apprentissage ou un trouble de l’autisme.

Art offre également son aide dans la région de Reaboro, où des membres de la communauté sont des partenaires administratifs du sentier, et il y va avec Ben pour répondre aux appels d’entretien. «Sur le sentier, j’ai pédalé d’un bout à l’autre de l’Île-du-Prince-Édouard, précise Art. Tout ça, c’est un seul et même sentier. Je participe à l’entretien d’une de ses parties, et je pédale sur l’autre!»

Bien que Ben soit présentement en pause du club Lion’s, il est impliqué auprès du sentier et demeure un membre du comité de direction du sentier Kawartha.

 

Des entreprises locales donnent à Five-Five-Five

Quand le sentier Kawartha a lancé son programme de commandites Five-Five-Five [en français «Cinq-Cinq-Cinq»], Ben a fait appel à l’un de ses amis: Patrick Daley, de la compagnie Century 21 United Realty. Patrick s’est joint au programme en s’engageant à offrir 5 000 $ sur une période de 5 ans, des fonds destinés à des projets comme la restauration du célèbre pont à tréteaux Doube, à l’est d’Omemee.

 

Des amis non officiels du sentier

Ray Lawson est un autre résident d’Omemee qui a bénévolement offert de son temps et récemment joint les rangs du club Lion’s; il a participé à l’élagage de branches et au remplissage de nids-de-poule sur le sentier, et on peut régulièrement l’apercevoir se balader à vélo avec un ami sur le sentier les dimanches matins. Quand le pont d’Omemee était en restauration, il a prêté une remorque pour évacuer le bois vers une benne sur son terrain. Puisqu’il vit sur le sentier tout près du pont d’Omemee, Ray nourrit un intérêt personnel pour celui-ci et représente ce qu’on pourrait appeler un «ami non officiel du sentier». Avant qu’une station de gonflage de pneus et d’entretien de vélos ne soit installée directement à côté de chez lui, il avait l’habitude de prêter sa pompe à pneumatique à quiconque en avait besoin; il permet par ailleurs aux gens de pêcher sur son quai et de remplir leurs bouteilles d’eau, et il n’est pas rare qu’il offre son aide aux passants.

«J’adore écouter les histoires des gens, dit Ray. Ça fait chaud au cœur de voir comment le gouvernement et les particuliers ont mis leurs efforts en commun pour réaliser tout ça. Je crois que le Sentier représente une opportunité incroyable pour les gens. C’est merveilleux pour le Canada, et pour tout le monde!»

 

 

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